Je ne pensais pas, en écrivant mon précédent billet dans lequel je faisais un peu de "pub" à une nouvelle revue : Sciences Psy, que le numéro de décembre serait aussi riche et instructif sur les mécanismes en jeu dans la relation de soin ! Le thème concerne le placebo et l'effet placebo.
A travers l'analyse de plusieurs auteurs venus d'environnements épistémologiques différents sont questionnés les rouages de la guérison, et cette lecture suggère de faire la part des choses entre ce qui est spécifique à un traitement (un médicament, ou une pratique par exemple) et ce qui relève de facteurs plus généraux et communs à la situation thérapeutique.
En effet, au delà d'une méthode particulière (et de ses effets possibles, ou probables, suivant les cas), il est des mécanismes généraux qui produisent du soulagement, voire de la guérison : c'est ce que l'on appelle "effet placebo', "effet de contexte" ou encore "effet de sens", suivant les auteurs. En son temps, j'ai terminé ma formation d'hypnose à l'AFHYP par un mémoire où j'illustrais ce point dans la pratique de l'ostéopathie, et je suis heureux de découvrir dans la revue le travail d'un confrère au Canada, Alexis Manescau, qui parle des rituels de guérison (son mémoire de fin d'études est accessible ici).
Ce que met en évidence le questionnement autour de ce "mystérieux" effet, c'est l'importance de la situation thérapeutique dans son ensemble : le lieu (et l'image du soin qui est véhiculée par ce contexte), le cadre (le décors reflétant la tradition, l'histoire, les principes philosophiques, culturels, ...), les personnes présentes (et l'autorité dont on les crédite), mais aussi la relation établie (la confiance accordée), les mots employés (et l'on sait depuis longtemps maintenant que la façon de présenter les choses influence le soin, la guérison parfois).
Depuis, le travail de Milton Erickson, et de ce que l'on appelle la nouvelle Hypnose, les mécanismes de la communication sont mieux compris : on ne peut ignorer maintenant combien la nature humaine est influençable et suggestible (et ce d'autant plus si les personnes sont en situation désespérée). C'est en apprenant ces mécanismes (plutôt qu'en les niant, par méconnaissance ou inculture, ou en les rejetant par mégalomanie ou sentiment de toute puissance thérapeutique) et en les mettant au service du patient que l'on potentialise les possibilités de traitement : tout le contexte de travail participe au soin ; ce contexte est aussi porteur d'attentes et d'espoirs auxquels l'on se doit de répondre le plus honnêtement possible.
Pour terminer aujourd'hui, une illustration tirée (encore une fois) de l'émission (du 29 janvier dernier) de Mathieu Vidard : la Tête au Carré.
Elle a pour sujet : les magnétiseurs et les "coupeurs de feu", et l'on y parle forcément de placebo !
et si le "magnétisme" reposait sur un mécanisme d'hypnose .... bonne écoute, à bientôt.